Vers une disparition totale des récifs ?

PAR Gabriel Zunda

De multiples études effectuées ces vingt dernières années alertent sur la disparition progressive des récifs coralliens, et ce sur l’ensemble de notre planète. Le thermostress majeur de l’année 1998, qui a entraîné la mort de 8% des coraux (Souter et al., 2021), a également participé à une prise de conscience partielle. Mais au fait, qu’est-ce qu’un récif corallien, et quelle est son utilité dans la nature ?

On désigne par récif une chaîne de rochers affleurant à la surface ou immergée, ou bien, dans le cas qui nous intéresse, une structure constituée la plupart du temps de calcaire, créée par une forte concentration d’animaux et plantes marines vivant en symbiose. Les animaux impliqués sont les fameux coraux, et les plantes qui les complètent sont des algues portant le nom de Zooxanthelles.

Ces algues unicellulaires absorbent le dioxyde de carbone émis par leurs hôtes, les coraux, afin de se développer. Elles fournissent en échange des nutriments dont les coraux ont besoin pour vivre.

Maintenant que nous savons mieux ce qu’est un récif corallien, il est naturel de s’interroger sur leur utilité pour la biodiversité : en bref, pourquoi les sauver ? Cela pourrait-il servir à l’Homme à court, moyen et long terme ?

Avant tout, quelques chiffres clés sur les récifs coralliens : ils accueillent environ 32% des espèces marines… Alors qu’ils ne représentent péniblement que 0,2% des fonds marins. Ceci étant dit, plus de 100 pays et territoires bénéficient de la présence de ces écosystèmes le long de leurs côtes, pour une somme totale d’environ 150 000 km de côtes.

Leur utilité n’est plus à prouver : les récifs coralliens constituent en premier lieu des barrières naturelles protégeant les côtes des vagues et des tempêtes. Si bien que l’Homme se sert aujourd’hui d’immenses blocs de béton afin d’imiter cette fonction protectrice, sans laquelle des pays situés dans des atolls auraient depuis longtemps disparu.

Les coraux nous protègent, donc. Ils nous nourrissent également : on estime à un demi-milliard le nombres d’êtres humains dépendant de leur protection et des richesses alimentaires qu’ils ont à offrir, ainsi que de la manne touristique qu’ils représentent. On estime ainsi à 36 milliards de dollars le bénéfice touristique net annuel des récifs coralliens (Spalding et al., 2017).

Enfin, les coraux peuvent nous soigner. Ces organismes, ne disposant pas de la mobilité, ont dû s’adapter et se défendre contre les agressions marines pour s’étendre et survivre. Le potentiel de recherche pharmaceutique est immense. Saviez-vous que le squelette corallien, dont la nature est très proche du squelette humain, est utilisé dans le cadre de greffes osseuses depuis 1970 ?

Nous en savons désormais davantage sur l’utilité des coraux au sein de la biodiversité, ainsi que directement pour l’Homme. Faisons un point sur l’actualité.

De 2009 à 2018, 14% des coraux sont morts (Souter et al., 2021). L’équivalent de l’écosystème corallien de l’Australie a été rayé de la carte. La cause principale a été établie : c’est le réchauffement climatique qui monte sur la première marche du podium. La surpêche arrive en deuxième position, et l’acidification et la pollution des océans emportent la médaille de bronze.

Il pourrait être tentant d’arrêter la lutte face à cette dégradation subite et majeure. Cependant, il existe encore de l’espoir : « Certains récifs montrent une remarquable aptitude à rebondir, ce qui donne de l’espoir pour la reconstitution future des récifs dégradés » nous apprend Paul Hardisty, directeur général de l’Institut Australien des Sciences de la Mer (AIMS).

Une des principales solutions est donc de limiter drastiquement la hausse des températures climatiques.

La COP 15 a finalement eu lieu fin 2022, entre le 7 et le 19 décembre à Montréal, au Canada, sous la présidence de la Chine. 196 pays signataires de la Convention sur la diversité biologique étaient présents afin de se mettre d’accord sur les mesures à prendre, voici ce qui en est ressorti :

  • Protéger 30% de la planète d’ici 2030
  • Restaurer 30% des écosystèmes
  • Réduire l’impact des pesticides
  • Augmenter les financements en faveur de la protection du vivant

Une des mesures marquantes sur lesquelles se sont engagés ces pays est le doublement des aires protégées. Bien que l’accord ne prévoie pas de mesures contraignantes pour inciter les pays à suivre leurs engagements, un bilan mondial est prévu dans un peu moins de quatre ans.

Rendez-vous est pris, les dés sont jetés, en espérant que nos récifs coralliens seront bien gardés.

Sources :

Souter, D., Planes, S., Wicquart, J., Logan, M., Obura, D., & Staub, F. (2021). Status of coral reefs of the world: 2020. Status of Coral Reefs of the World.

Spalding, M., Burke, L., Wood, S. A., Ashpole, J., Hutchison, J., & Zu Ermgassen, P. (2017). Mapping the global value and distribution of coral reef tourism. Marine Policy82, 104-113.

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