Le World Impact Summit (WIS), qui s’est tenu à l’Arkéa Arena de Bordeaux, a une fois de plus prouvé son rôle de plateforme incontournable pour les acteurs du changement, réunissant des esprits novateurs, des organisations engagées et des personnalités influentes autour des enjeux cruciaux de la durabilité. Parmi les nombreuses sessions captivantes, la table ronde intitulée « Océan et Résilience » a particulièrement retenu l’attention, offrant un espace de discussion vital sur la santé de nos océans et les stratégies nécessaires pour assurer leur avenir face aux défis environnementaux croissants.
Cette discussion essentielle a été animée par des figures engagées et reconnues dans le domaine de la conservation marine : Estelle Lefbur, la présidente passionnée de l’association Spiraré le monde, apportant sa vision de la connexion humaine avec la nature ; Olivier Venden, le directeur visionnaire de la fondation Prince Albert II de Monaco, partageant son expertise en matière de politique et de financement de la protection marine ; et Frédéric Tardieu, le cofondateur de l’ONG Souloubaille, dont l’expérience concrète sur le terrain aux Philippines offre un éclairage précieux sur les actions de restauration.
Le point de départ de cette table ronde enrichissante a été la projection d’un extrait poignant du documentaire « The Blue West Palawan ». Ce film offre une immersion dans les efforts concrets de protection marine déployés aux Philippines, un archipel d’une biodiversité marine exceptionnelle mais également vulnérable aux pressions humaines. L’extrait présenté a mis en lumière le travail acharné de la fondation Sulubaai, une organisation cofondée par Frédéric Tardieu, qui s’est engagée avec détermination dans la restauration des écosystèmes coralliens dégradés et la mise en place d’aires marines protégées.
Frédéric Tardieu a partagé avec une humilité et une passion communicatives son expérience personnelle et les défis complexes rencontrés lors de la restauration des récifs coralliens sur l’île de Pangatalan. Il a décrit la réalité souvent brutale de la dégradation environnementale causée par des facteurs multiples tels que la surpêche, la pollution plastique, le tourisme non durable et les effets dévastateurs du changement climatique, notamment le blanchissement des coraux causé par l’augmentation de la température de l’eau.
Son récit a souligné la nécessité d’une approche holistique et innovante pour la restauration. Il ne s’agit pas simplement de replanter des coraux, mais de comprendre les causes profondes de la dégradation, de restaurer l’équilibre de l’écosystème dans son ensemble et d’impliquer activement les communautés locales. Les méthodes utilisées par Sulubaai, allant de la culture de fragments de coraux en nurseries à la mise en place de structures artificielles pour favoriser la fixation des larves, témoignent d’une ingénierie écologique sophistiquée, adaptée aux spécificités du site.
La discussion s’est ensuite naturellement orientée vers le rôle crucial des aires marines protégées (AMP) dans la conservation de la biodiversité marine et la garantie de la sécurité alimentaire pour les populations côtières. Les AMP, en tant que zones délimitées où les activités humaines sont réglementées voire interdites, offrent un refuge essentiel aux espèces marines, permettant aux populations de se reconstituer et aux écosystèmes de retrouver une certaine résilience.
Cependant, comme l’ont souligné les intervenants, la simple désignation d’une zone comme AMP ne suffit pas. Leur efficacité dépend d’une gestion rigoureuse, de moyens financiers adéquats pour la surveillance et l’application des réglementations, et surtout, de l’implication active et du soutien des communautés locales. Sans la participation et l’adhésion des populations qui vivent au quotidien avec ces écosystèmes, les AMP risquent de rester des « parcs sur papier », vulnérables au braconnage et aux activités illégales.
Olivier Venden a apporté une perspective globale, rappelant que l’océan n’est pas seulement une source de nourriture et de revenus pour des millions de personnes, mais qu’il joue également un rôle fondamental dans la régulation du climat mondial. Sa capacité à absorber le dioxyde de carbone et à produire de l’oxygène est essentielle à la vie sur Terre. La dégradation des écosystèmes marins, y compris les récifs coralliens, a donc des conséquences bien au-delà des zones côtières, affectant l’ensemble de la planète.
Le financement des initiatives de protection marine, y compris la création et la gestion des AMP et les projets de restauration, s’est avéré être un obstacle majeur. Les fonds publics alloués à la conservation marine sont souvent insuffisants face à l’ampleur des défis. Les intervenants ont insisté sur la nécessité d’explorer de nouvelles sources de financement et de développer des modèles économiques durables qui intègrent la valeur intrinsèque des écosystèmes marins.
Olivier Venden a notamment mis en avant le concept de « nouvelle économie bleue », une approche qui vise à concilier la rentabilité économique avec un impact positif sur les écosystèmes marins. Cela peut inclure des investissements dans le tourisme durable, l’aquaculture responsable, les énergies renouvelables marines et d’autres secteurs qui reconnaissent et valorisent les services écosystémiques fournis par l’océan. L’implication du secteur privé, à travers des partenariats public-privé et des initiatives de responsabilité sociale des entreprises, est également essentielle pour mobiliser des ressources financières à l’échelle nécessaire. La philanthropie, comme le soutien apporté par la fondation Prince Albert II de Monaco, joue également un rôle crucial en catalysant des projets innovants et en soutenant les organisations de terrain.
Un point crucial soulevé lors de la table ronde a été la nécessité de changer le narratif autour de la protection des océans. Trop souvent perçue comme une question technique ou réservée aux scientifiques et aux environnementalistes, la santé des océans doit devenir une préoccupation pour l’ensemble de la société. Il est essentiel de communiquer de manière plus efficace et inspirante sur la beauté, la valeur et la fragilité des écosystèmes marins, en utilisant des récits engageants et en mettant en lumière les solutions existantes.
Estelle Lefbur a partagé sa vision de la nécessité de reconnecter l’être humain avec le monde sauvage. Elle a souligné l’importance de l’éducation à l’environnement dès le plus jeune âge pour cultiver un sentiment d’appartenance et de responsabilité envers la nature. Elle a également insisté sur la nécessité de donner de l’espoir aux générations futures, en montrant que des actions positives sont possibles et qu’il n’est pas trop tard pour agir. Le rôle des médias, des influenceurs et des personnalités publiques est crucial pour amplifier les messages de conservation et toucher un public plus large.
La discussion a également abordé le rôle des événements internationaux dans la promotion de la protection marine. La prochaine conférence des Nations Unies sur l’océan, qui se tiendra à Nice, a été mentionnée comme un moment clé pour discuter des politiques de protection marine à l’échelle mondiale et pour encourager les engagements des États.
En prélude à cet événement majeur, Olivier Venden a annoncé l’organisation d’une conférence à Monaco axée spécifiquement sur l’économie et la finance bleue. Cette initiative vise à réunir les acteurs financiers, les entreprises et les experts pour explorer les opportunités d’investissement durable dans le secteur marin et pour développer des solutions financières innovantes pour la protection des océans.
Frédéric Tardieu a souligné l’importance de la participation de tous, des individus aux grandes organisations, et de l’action à tous les niveaux, du local au global. Chaque geste compte, et la mobilisation collective est essentielle pour faire face à l’ampleur des défis.
En conclusion de cette table ronde inspirante, les intervenants ont lancé un appel vibrant à l’action et à l’espoir. Ils ont souligné que malgré l’ampleur des défis, des solutions existent et que chacun a un rôle à jouer dans la protection de l’océan. Il est crucial de ne pas céder au découragement, mais au contraire de s’engager avec détermination pour l’avenir de l’océan et de la planète.
Le message final a été un appel à ne pas renoncer, à croire en la capacité de l’humanité à inverser la tendance et à agir collectivement pour préserver ces écosystèmes vitaux pour les générations futures. La table ronde « Océan et Résilience » du World Impact Summit a rappelé avec force l’urgence et l’importance de protéger nos océans, et a inspiré un sentiment d’espoir et d’engagement renouvelé chez tous ceux qui y ont participé. L’avenir bleu de notre planète dépend de nos actions aujourd’hui.
Cette discussion a réuni divers acteurs pour parler de la protection marine et des initiatives pour la sauvegarde des océans.
Introduction et Présentation du Documentaire
Le Projet Sulubaai aux Philippines
Importance des Aires Marines Protégées (AMP)
Financement et Défis
Changement de Narratif et Sensibilisation
Événements Internationaux et Engagements
Conclusion et Appel à l’Action
Le message final est un appel à ne pas renoncer et à s’engager pour l’avenir de l’océan et de la planète [01:00:06].
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