Elles bougent au rythme des vagues, abritent une vie foisonnante et participent à la santé de la planète. Pourtant, peu de gens connaissent vraiment les forêts de kelp, appelées aussi plus communément en France forêts de varech . Ces vastes prairies d’algues géantes, souvent appelées forêts sous-marines, jouent un rôle écologique essentiel dans les zones tempérées du globe.
Tout comme les récifs coralliens dans les régions tropicales, les forêts de kelp sont de véritables piliers de la biodiversité marine. Elles protègent les côtes, capturent le carbone et nourrissent une multitude d’espèces. Mais ces écosystèmes remarquables sont aujourd’hui fragilisés par le changement climatique et la pression humaine.
Qu’est-ce qu’une forêt de kelp ?
Les forêts de kelp sont composées d’algues brunes géantes, capables d’atteindre plus de 30 mètres de haut. Elles se développent dans des eaux froides, claires et riches en nutriments, le long des côtes rocheuses.
Ces algues, principalement du genre Macrocystis, s’ancrent au fond de l’océan grâce aux haptères, crampons qui leur permettent de se fixer aux rochers. À partir de cette base, elles s’élèvent vers la surface où leurs frondes s’étendent, formant un toit végétal dense comparable à la canopée d’une forêt terrestre. Sous cette voûte, la lumière passe légèrement, créant des zones d’ombre et de clarté où s’abritent de nombreuses espèces. Les forêts de varech sont ainsi de véritables refuges pour la vie marine.
On les rencontre dans les zones tempérées des deux hémisphères :
- la côte pacifique de l’Amérique du Nord (Californie, Alaska, Colombie-Britannique),
- le sud du Chili,
- la Norvège et l’Écosse,
- l’Afrique du Sud,
- ou encore l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Elles couvrent des milliers de kilomètres de côtes et constituent certains des écosystèmes les plus productifs de la planète.
Des écosystèmes indispensables pour la vie marine
Ces forêts de kelp abritent une incroyable diversité d’animaux : poissons, crustacés, mollusques, étoiles de mer, mais aussi des mammifères marins comme les loutres de mer ou les otaries. Ces algues offrent à la fois abri, nourriture et nurserie pour de nombreuses espèces. Les jeunes poissons s’y réfugient pour échapper à leurs prédateurs, tandis que les oiseaux marins et les phoques viennent y chasser. L’ensemble forme un réseau complexe où chaque espèce joue un rôle dans l’équilibre global de l’écosystème.
Comme les récifs coralliens, les forêts de kelp amortissent la force des vagues et protègent les côtes contre l’érosion. Leurs longues frondes ralentissent la houle, limitant les dégâts causés par les tempêtes et préservant les zones côtières habitées.
Les kelps sont également des puits de carbone bleus. En absorbant le dioxyde de carbone (CO₂) présent dans l’eau, ils participent à la régulation du climat. Une partie du carbone qu’ils capturent est ensuite stockée durablement dans les sédiments marins lorsqu’ils meurent et se déposent au fond de l’océan.
Selon certaines estimations, les forêts de kelp pourraient absorber jusqu’à 200 millions de tonnes de carbone par an à l’échelle mondiale.
Menaces et fragilité des forêts de kelp
Malgré leur résilience, les forêts de kelp subissent plusieurs pressions :
- Le réchauffement des océans crée un environnement stressant pour le varech et limite alors sa croissance. Or les fonctions que les forêts de kelp offrent pour la vie marine dépendent beaucoup de leurs tailles et complexités structurelles. Une étude de 2025 publiée par Scientific Reports (1) démontre ainsi que dans des zones étudiées, les forêts de kelp sont souvent plus petites dans les zones froides que dans les zones chaudes.
- La surpêche perturbe leur équilibre : en réduisant les populations de prédateurs naturels des oursins (comme les loutres), on laisse ces derniers dévorer les bases des algues, provoquant la disparition de vastes zones de kelp.
La pollution et le ruissellement enrichissent l’eau en nitrates, ce qui peut dérégler la chimie locale et limiter la photosynthèse.
Forêts de kelp et récifs coralliens : deux piliers de l’océan
Les forêts de kelp et les récifs coralliens évoluent dans des zones climatiques différentes, mais ils partagent des fonctions écologiques comparables.
- Ils abritent une biodiversité exceptionnelle, véritable refuge pour des milliers d’espèces.
- Tous deux protègent les côtes contre la houle et l’érosion.
- Et tous deux jouent un rôle dans la régulation du climat.
Leur principale différence tient à leur nature :
Les coraux sont des animaux calcaires, sensibles à la température et à l’acidification. Alors que le kelp, lui, est une algue brune qui pousse rapidement dans les eaux froides et riches en nutriments. Ensemble, ils représentent deux poumons bleus complémentaires : les coraux dominent les mers tropicales, les forêts de kelp les zones tempérées. La disparition de l’un ou de l’autre fragilise ainsi l’équilibre global des océans.
Les forêts de kelp sont parmi les écosystèmes les plus productifs et les plus bénéfiques de la planète. Elles filtrent le carbone, protègent les côtes et soutiennent une biodiversité exceptionnelle. C’est pourquoi il est important aussi de les protéger. Une étude réalisée par des géographes de l’université UCLA a pu d’ailleurs montrer que les forêts de kelp situées dans les Aires Marines Protégées se remettent plus rapidement des vagues de chaleur (2).
Vous souhaitez contribuer à la protection des océans ? alors vous pouvez participer à l’aventure The Coral Planters via un don libre ou une adoption.


